samedi 3 octobre 2015

Vase "boule" de Jean-Pierre MICHEL

Jean-Pierre MICHEL (né en 1948)
Vase "boule" (1980)
Diam. 14 cm, h. 13 cm

Son émaillage noir brillant constellé de fines "gouttes d'huile" brunes façon galuchat est vraiment splendide ! Et hélas bien difficile à photographier...

Il est signé d'un "M" manuscrit sous la base.

Provenance : importante collection privée allemande.

Inv. PM JPM 7 i


Voici ce que disait l'artiste sur son travail dans le numéro 96 (mars 1985) de la revue "L'Atelier des Métiers d'Art" :

"La tradition me laisse froid. Avec l'émail je me fais plaisir".

"Quand on regarde un peu attentivement autour de soi, on s'aperçoit que bien des créateurs ont deux productions, sans pour autant que l'une nuise à l'autre...
En raku, j'aime bien les boîtes noires cerclées de métal que je vends dans les Salons, en même temps que les bijoux de ma femme Christiane dans la même technique. C'est une approche sympathique de la terre qui trouve un large public.
Mais les boules émaillées, que je montre dans les expositions seulement deux ou trois fois par ans, qui sont appréciées par un nombre limité de gens et ne pourraient en aucun case me faire vire... Ce sont elles qui me tiennent à coeur.
Elles concrétisent un double plaisir. Celui, physique, du tournage et celui du peintre.
On tourne, on tourne, sans penser à rien tandis que que se développe à travers les gestes contrôlés et le rythme répétitif, une sensation de plénitude. Il m'arrive de tourner ainsi pendant trois semaines. Puis d'un seul coup, je dessine, je me mets à peindre, ou j'émaille mes pièces. Je ressens très fort ce qui est dit dans le livre de BEN LISA : la boule émaillée est au céramiste ce que le format de la toile est au peintre.
Pour entamer le dialogue avec les potiers d'émail, les gens croient bien faire en parlant Sung et Tang. Moi, la tradition me laisse un peu froid. Je suis plus concerné par FAUTRIER ou TAPIÈS, bien que ce ne soit pas là non plus des valeurs très nouvelles. Bref, avec l'émail je me fais un plaisir de peintre.
C'est délicat la couleur, facilement vulgaire. Aux rouges de cuivre triomphants, je préfère les mouchetés discrets, les plumes tons sur tons, les gris piquetés. En céramique, la texture de la terre compte beaucoup. Sa plasticité, son grain, son aptitude à épouser l'émail. Depuis deux ans, j'utilise sans problèmes la MJ d'ACP. C'est un grès très fin de la Puisaye. Lavé, propre. Pas de chaux, pas de pyrites. Facile à tourner, il supporte de grosses pièces et tient bien la cuisson.
En revanche, sur le plan de la cuisson elle-même, je vis des heures délicates : le passage du four à bois au four à gaz... Mon vieux four à bois m'a quitté. Il avait 10 ans. La voûte s'est écroulée. Maintenant j'ai un nouvel outil : sandwich de ciment entre deux couches de briques légères, deux brûleurs à air pulsé. Bientôt, j'installerai un préchauffeur d'air pour économiser le gaz...
Pour les formules d'émaux, plus rien ne correspond. Il faut recommencer tous les calcules, ce n'est pas grave. Ce qui m'inquiète le plus, c'est le poli, le fini de l'émail...
Je sais à présent que je me referai en plu un four à bois, peut-être dans un an ou deux.
Une cuisson au bois, c'est peut-être dur, mais on vit quelque chose".

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