mercredi 29 juin 2011

"Jean DERVAL Céramiste et sculpteur"


"Né en 1925, Jean Derval intègre l’École des arts appliqués à l’industrie en 1938. Particulièrement doué pour le dessin, il se forme au métier de graphiste, et c’est comme affichiste qu’il entame sa vie professionnelle. Mais les difficultés de l’époque et sa curiosité naturelle le poussent à diversifier son champ d’activité. Engagé par la société Christofle, il réalise des décors d’orfèvrerie mais aussi une ligne de céramiques d’usage devant être réalisées à Saint-Amand-en-Puisaye. Cette dernière expérience débouche sur une véritable passion. Dans ce sanctuaire du grès, magnifié par Carriès et son école à l’aube du XXe siècle, il découvre un univers qui le satisfait pleinement, par sa technique et ses vastes possibilités artistiques. Plus encore, la céramique laisse le créateur complètement libre de ses choix, dans une immédiateté quasi magique de réalisation.
En 1947, Jean Derval rejoint à Vallauris ses camarades d’école Robert Picault et Roger Capron, qui ont fondé l’atelier Callis. Après une collaboration difficile, il rejoint deux ans plus tard le célèbre atelier Madoura, animé par Suzanne Ramié et alors dominé par la figure magistrale de Picasso. En 1951, il fonde son propre établissement, l’atelier du Portail. Il développe là un art subtil, d’une grande virtuosité technique et artistique, voué à la pièce unique, qu’il s’agisse de céramique utilitaire, de décoration intérieure ou d’ornementation d’architecture. Ce savoir-faire fascine Roger Capron, qui l’emploie entre 1967 et 1973 dans sa manufacture. Mais Jean Derval reprend sa liberté pour parachever une œuvre magistrale, qui en fait l’un des meilleurs céramistes de sa génération".

Texte de l'éditeur

Les auteurs de cet ouvrage sont bien connus des amateurs de céramique puisqu'il s'agit du galeriste Patrick FAVARDIN et de Jean-Jacques WATTEL, expert de la SVV Tajan.

Encore un  "beau livre" (23 x 30,5 cm, 192 pages, 200 illustrations, relié, sous jaquette) que l'on doit aux éditions NORMA et qui permettra de mieux faire connaître l'oeuvre remarquable de Jean DERVAL.

vendredi 24 juin 2011

Lump, le retour !

Robert CHIAZZO (né en 1924)
Vide poches zoomorphe (circa 1960)
L. 22 cm, l. 6 cm, h. 11 cm

Ce petit frère de Lump (cf billet du 4 mai) est dû au seul talent de Robert CHIAZZO, qui s'est inspiré du modèle créé par Olivier PETTIT après le décès de ce dernier.

En ce moment, il fait la causette à mon coq des époux ANASSE, le sanglier de GIAROUSSU étant parti se réfugier auprès d'un pichet bien plus calme...

Inv. PM RC 1

jeudi 23 juin 2011

"Un fou dans l'art"


"Pendant plus de vingt ans, Jean Albou a côtoyé les géants de l'art contemporain.
Gestionnaire de fortune, il a réuni pour un client l'une des plus importantes collections d'Europe. Dans le monde de l'art, sa notoriété était établie. Mais Jean Albou était aussi secrètement bipolaire : il était maniaco-dépressif. Ses crises l'ont conduit à habiter un monde irréel où les bouteilles de vin valent dix mille euros, les déjeuners trente mille euros, où une montre coûte le prix d'une voiture, une maison celui d'un immeuble, où les plus grands collectionneurs sont souvent des prédateurs, et où les mauvais tableaux valent parfois plus cher que les chefs-d'oeuvre.
Jean Albou a commencé à consulter dès l'âge de vingt ans. Il s'est heurté longtemps à l'incompétence de nombreux psychiatres et à la dangerosité de certaines thérapies, en particulier la psychanalyse. Jusqu'à quarante ans, aucun de ceux qui l'ont examiné n'a été capable de poser le bon diagnostic. Son récit fascinant d'une ascension vertigineuse - suivie d'une chute impitoyable et solitaire - ne constitue pas seulement un témoignage unique sur le petit monde très secret de l'art contemporain et des psys.
II procède aussi de la dénonciation ironique et forte des excès sans fin d'une époque folle où la valeur de l'argent semble prévaloir".

Texte de l'éditeur

Ce récit d'un passionné d'art contemporain, acheteur compulsif mais en fait atteint de psychose maniaco-dépressive, est une petite merveille. L'auteur y dénonce notamment les magouilles permettant à certains professionnels de l'art contemporain de fourguer (pardon, je voulais dire vendre !) des croûtes au prix de chefs-d'oeuvre à des snobs, incultes mais "blindés", pour lesquels art n'est synonyme que de plus-value rapide. Un job plutôt facile, en fait, l'argent n'achetant pas - heureusement pour les affaires de ces marchands ! - le goût et la culture.

Les psy en prennent également pour leur grade...

Bref, un livre vraiment jubilatoire, que vous dévorerez !

"Un fou dans l'art - Confessions d'un sérial-collectionneur" est paru l'an dernier aux éditions de la Martinière.

mercredi 22 juin 2011

Journée des Galeries à Vallauris


Dix galeries de Vallauris nous invitent à un intéressant parcours céramique vendredi prochain (de 11 H à 22 H), chaque galeriste mettant à l'honneur un céramiste.

Cette semaine se terminera donc forcément bien pour tous les amateurs qui pourront assister à cette manifestation !

La première monographie consacrée à Jean DERVAL sera présentée à cette occasion ; nous aurons l'occasion d'en reparler...

mardi 21 juin 2011

Sanglier de Raphaël GIARRUSSO

Raphaël GIARRUSSO (19XX-19XX)
"Sanglier"
Céramique émaillée et acier (circa 1952)
L. 21 cm, h. 17 cm, pr. 6,5 cm

Ce suberbe animal ne devrait normalement pas tenir compagnie à mon Coq des époux ANASSE. Il aurait en effet dû faire - à mon grand regret ! - le bonheur d'un autre amateur, ce dernier ayant surenchéri sur moi. Notre homme n'ayant pu le régler, j'en ai donc hérité quelques semaines plus tard, à ma grande surprise et pour mon plus grand bonheur. Maurice RHEIMS, célèbre commissaire-priseur et académicien, avait pour habitude de dire que ce n'est pas nous qui choisissons les objets avec qui nous vivons mais eux qui nous trouvent, tôt ou tard, parce qu'ils nous sont destinés. J'ai pu le vérifier plus d'une fois...

Revenons à notre céramique, monogrammée "RG" (via un cachet, sous le ventre) et présentée par le vendeur comme originaire de la poterie d'Accolay. Une simple recherche via Google m'a conduit à son auteur. Germain BROCHET, de la Galerie Eté à Vézelay, que je remercie ici, me l'a confirmé.

Pour en savoir plus sur la poterie d'Accolay, cliquez ici.

Typiquement 50, cette céramique animalière aux lignes épurées et originales est bien sûr l'une de mes pièces préférées !

Deux autres photos pour le plaisir, de face et de profil :



Raphaël (ou Rafael ?) GIARRUSSO est un artiste d'origine canadienne (formé aux Beaux-Arts de Montréal) qui participa, dès 1952, à l'aventure d'Accolay. Décorateur ? Céramiste complet ? Qui pourrait nous en dire plus à son sujet ou nous montrer d'autres oeuvres de cet artiste ? Compte tenu de la qualité de ce sanglier, notre homme a forcément dû produire de très belles choses, que je suis vraiment impatient de découvrir...

Inv. PM RG 1 i

dimanche 19 juin 2011

Ballade à Vallauris

N'ayant pu découvrir la petite ville de Vallauris lors de ma visite de l'exposition RATY, pour cause de très mauvais temps, j'y suis retourné me ballader hier.

L'artère principale est l'avenue Georges CLEMENCEAU, l'avenue des magasins et galeries de céramiques.

Je cherchais le n° 57, l'adresse de "La Bergerie", magasin tenu par Christian AZAÏS, avec qui j'avais rendez-vous pour faire connaissance et que j'ai connu via son blog fort instructif consacré à Vallauris.

En chemin, mon oeil est attiré par une superbe céramique murale de Roger CAPRON (au n° 67) :



La visite commence bien !

Ce sera, hélas, la seule "belle pièce" que je verrai de la journée. En effet, je déchante très vite, car Vallauris c'est essentiellement cela :


Des boutiques de pacotille, pour touriste lambda, proposant bien souvent de la céramique étrangère (!) et quelques rares galeries montrant de la céramique contemporaine alambiquée à laquelle je ne suis guère sensible. L'âge d'or me semble vraiment bel et bien terminé...

J'arrive enfin à "La Bergerie" :


Christian AZAÏS confirme mon impression, hélas. Après une vie parisienne bien remplie (politique, affaires, etc.), cet homme passionnant et cultivé - qui collectionne les céramiques, bien sûr, mais également les voitures anciennes, les timbres, les livres, les cactus... - a repris le magasin de céramique tenu par sa mère, Françine, qui défendit bien des artistes à la belle époque de Vallauris. Nous referons le monde jusqu'à midi, où je le quitte à regret. Nous nous reverrons, c'est certain !

Le magasin de Christian est situé juste en face d'une grande et superbe propriété, celle de Delphin MASSIER, illustre représentant de la dynastie de céramistes MASSIER :


La maison de ses parents figure dans cette enceinte. On peut y voir l'atelier de PICASSO de l'une des fenêtres...

La Galerie MADOURA, qui accueillit PICASSO et exposa sa production, n'est pas très loin. Elle est fermée, hélas :


Fermée également, la fabrique-galerie KOSTANDA.

De la lumière à la belle Galerie Les Archanges (Gibert VALENTIN), mais personne :


Quant à l'espace Jean MARAIS, il était exceptionnellement (ouf !) fermé :


Dommage ; ce sera pour une prochaine fois, d'autant plus que je suis loin d'avoir tout découvert...

Je trouve absolument incroyable qu'une ville ayant un tel patrimoine artistique - de l'or en barres ! - ne fasse rien pour l'exploiter et végète ainsi. J'ai dû croiser une vingtaine de touristes... C'est vraiment dommage !

L'architecture de Vallauris est très banale et hétéroclite :


Seules quelques ruelles du vieux village, qui me rappellent celles de mon ancien quartier du Panier à Marseille, valent heureusement le détour pour leur charme bohème :





En repassant par l'avenue CLEMENCEAU afin de prendre le bus pour Golfe-Juan, je me suis arrêté à la Galerie MASSIER, repérée un peu plus tôt. J'y ai fait la connaissance de Cédric MASSIER, dernier représentant de la célèbre famille. Très sympathique, ce jeune céramiste, qui travaille avec son épouse, m'a présenté ce qu'il fait. J'ai particulièrement apprécié la qualité de sa production utilitaire - épurée, délicatement colorée et à l'excellent rapport qualité/prix - qu'il vend dans un second magasin, ouvert récemment et situé juste à côté de la galerie : "L'Atelier". Quelque chose me dit que ces deux-là iront loin !


Si l'âge d'or est terminé, un nouvel âge ne demande qu'à se développer. Espérons que les autorités locales l'entendent...

J'ai donc quitté Vallauris sur une note plutôt optimiste. 

samedi 18 juin 2011

DEGOTTEX à Ménerbes


Jean DEGOTTEX (1918-1988)
"Brève" - Encre de Chine sur papier (1985)
109 x 75 cm

Ménerbes est l'un des plus beaux villages haut perchés du Luberon, au riche passé artistique puisque PICASSO, Dora MAAR (1) et Nicolas DE STAËL, entre autres, y séjournèrent. Si vous ne connaissez pas encore ce petit coin préservé du Vaucluse et que l'art abstrait vous intéresse, c'est peut-être l'occasion d'y passer un sympathique week-end puisque vous pourrez y admirer les oeuvres sur papier de Jean DEGOTTEX réunies par la Galerie Pascal LAINÉ. L'exposition a commencé aujourd'hui et durera jusqu'au 7 juillet.

"On rattache souvent Jean Degottex au mouvement d’après-guerre dit de "l’abstraction lyrique".
En réalité, son œuvre est celle d’un parcours original et singulier de 40 ans. Chaque période y épuise une possibilité formelle, ouvrant la voie à une nouvelle possibilité. Du geste au signe, du signe à l’écriture, de l’écriture à la ligne.
Autodidacte et libertaire, il passe définitivement à l’abstraction en 1951, année où il reçoit le prix Kandinsky. En 1955, il rencontre André Breton qui voit dans sa peinture, une nouvelle illustration de l’ "écriture automatique" et lui signale aussi son affinité spontanée avec la pensée et la pratique du bouddhisme zen. Dès lors il ne cessera de développer son art au plus près des notions orientales d’ "immédiateté" et de "vide".
A partir de 1966 ses séjours à Gordes se font de plus en plus longs et fréquents. Sa compagne, Renée Beslon, connaissait bien Gordes et ses artistes depuis la fin des années quarante.
A Sénanque, en 1979, il expose la série de ses "Dépli-Bleu", réalisés en plein air sur la vaste terrasse qu’il avait aménagée parmi les restanques bordant la route de Murs.
En 1981 il reçoit le Grand Prix National de Peinture. Sa méditation s’oriente alors progressivement sur le support et la matérialité de l’œuvre. Ainsi ses "papiers" (le mot dessin est pratiquement exclu de son vocabulaire) peuvent montrer leur grain et leur texture interne, magnifiée par grattage, déchirure, scarification, sur-collage ou arrachage.
Son œuvre reste celle d’un extrême minimalisme où jamais la rigueur ne prend le pas sur la sensibilité".


Dominique BOLLINGER (texte écrit pour l'exposition)

(1) Peintre et surtout photographe de grand talent, elle fut la compagne et muse de PICASSO, qui lui offrit une maison à Ménerbes après leur rupture, en 1943. Un endroit exceptionnel, hors du temps, à la remarquable vue sur le Mont Ventoux et qu'il ne faut surtout pas manquer...

vendredi 17 juin 2011

Maison à vendre...


Si vous êtes à la recherche d'une "maison 50" sympa et que vous n'avez rien contre la Californie, allez donc faire un tour sur MID-CENTURIA, le blog de Kevin ANZALONE.

Passionné de modernisme, comme beaucoup d'américains éclairés *, Kevin nous présente en effet dans son billet du 15 juin la superbe et célèbre demeure de l'architecte moderniste américain Allyn E. MORRIS (1922-2009), récemment mise en vente.

Construite en 1958 par un artiste qui a su s'affranchir magistralement des traditions architecturales, cette petite merveille ne devrait pas vous laisser insensible avec sa superbe structure en acier rouge vif, ses murs en petites briques, ses interminables escaliers et ses larges baies vitrées. Quant à la vue...


Un bon conseil : faites vite :-) car elle ne devrait pas trop trainer sur le marché !

* Je suis vraiment très admiratif devant la qualité des sites et blogs de nos amis d'outre-Atlantique traitant des arts, du design et de l'architectures des années 30/60, leur fameux Mid-Century modern. Ces passionnés sont, me semble-t-il, bien plus actifs que chez nous. Je comprends mieux à présent pourquoi tant de nos Trésors quittent la France ! Eh oui, tous les américains ne passent pas leur vie sur de gros bateaux de croisière, en bermuda-baskets et chapeau sur la tête ;-). Les clichés ont la vie dure...

jeudi 16 juin 2011

"Pol Chambost, Sculpteur-Céramiste, 1906-1983"



"Au cœur des années 50, Pol CHAMBOST (1906-1983) marque les esprits par ses créations curvilignes et graciles, aux proportions impeccables et au raffinement très parisien. Fer de lance d’un certain bon goût français, son travail est admiré par nombre de ses contemporains, à l’instar de Jacques TATI qui utilise ses créations dans "Mon oncle". Alors que l’on s’apprête à fêter le centenaire de sa naissance, cette première monographie consacrée au céramiste nous invite à (re)découvrir son itinéraire artistique singulier et à bien des égards exemplaire". 

Texte de l'éditeur

On doit ce remarquable ouvrage aux plumes d'Émilie BONAVENTURE, Philippe CHAMBOST, Anne LAJOIX et Karine LACQUEMANT. Il est paru à l'occasion de l'exposition organisée en 2006 (l'artiste aurait alors eu 100 ans) par la galerie parisienne Thomas FRITSCH, auprès de laquelle il peut encore être acquis (60 € + 9,20 € de frais d'envoi pour la France).

Un "beau livre" (22 x 26 cm, 208 pages, 220 illustrations, relié, sous jaquette, aux éditions SOMOGY), absolument incontournable pour tout amateur de l'oeuvre de Pol CHAMBOST et plus généralement pour tout fan de céramique 50 !

mardi 14 juin 2011

Vase "minotaure" des frères CLOUTIER

Robert (1930-2008) et Jean (né en 1930) CLOUTIER
Vase anthropomorphe (circa 1960)
H. 22 cm, Ø 13 cm

Les céramiques de ce type sont assurément les plus recherchées des frères CLOUTIER.

Avec son remarquable émaillage - gris-noir métallisé (satiné) à l'extérieur et rouge nuancé (brillant) à l'intérieur - et sa belle expressivité, ce superbe vase est assurément une de leurs pièces maîtresses !

Il est signé "Cloutier" sous la base.

Inv. PM RJC 2

dimanche 12 juin 2011

Jardinière "molaire" de Georges JOUVE


Une très belle pièce (L. 37 cm, h. 17 cm, pr. 24 cm), datant de 1953.

Cet exemplaire présente un petit éclat, ce qui ne l'a toutefois pas empêché d'atteindre la coquette somme de 26.000 € aux enchères * ! Il était estimé 15.000 à 20.000 €.

* Pierre BERGÉ & Associés (vente du 18 juin 2008). 

samedi 11 juin 2011

Terres et Flammes


Si les céramiques de l'âge d'or de Vallauris vous passionnent, ne manquez surtout pas Terres et Flammes, très beau film d'André VERDET (1913-2004), artiste protéiforme très attachant * (poète, peintre, sculpteur, céramiste...), ami des plus grands (GIONO, COCTEAU, PICASSO, MIRO, PRÉVERT, entre autres).

Il vous fera découvrir la vie de la cité de la poterie et de la fleur d'oranger à la fin des années 40.

Vous y verrez notamment PICASSO au travail, toujours aussi fascinant. C'est également l'occasion d'écouter le grand MOULOUDJI interpréter la très belle "Chanson du Potier".

La seconde partie est également visible sur le site Les amis d'andré Verdet (le film fait environ 30 minutes au total).

C'était il y a 60 ans, heureuse et belle époque où les artistes étaient des Artistes et non des m'as-tu-vu, travaillant avant tout pour le plaisir plutôt que pour la gloire et l'argent...

* Ne manquez pas son émouvant portrait par Daniel ZIV, Seul l'espace s'éternise (en quatre parties, précédent Terres et flammes).

vendredi 10 juin 2011

Memento mori

J'aime beaucoup le vendredi matin.

A cause de la proximité du week-end, me direz-vous ? Eh bien non !, tout simplement parce que c'est l'un de mes moments préférés, celui où je dévore la nouvelle Gazette (de l'Hôtel Drouot, bien sûr !), en savourant un bon café-croissant...

Très vite, cependant, ce bon moment se teinte souvent de mélancolie lorsque je découvre la dispersion d'une collection exceptionnelle. Une maison remplie d'objets intéressants (pas forcément de grand prix, mais qui ont une histoire à raconter), amoureusement chinés, mais une maison vide de toute présence humaine, son propriétaire - souvent quelqu'un de remarquable - étant décédé. Une maison bientôt vidée. Circulez, il n'y a plus rien à voir, c'est fini...

Il n'y a cependant rien de tel que ce petit-mauvais-moment pour me rappeler que le temps nous est hélas compté, que l'existence est fragile et donc qu'il faut faire quelque chose de sa vie et profiter des plaisirs qu'elle nous accorde, avant de passer de l'autre côté du miroir. Un moment salutaire, tout compte fait.

Un de ces plaisirs - le plus intense, à mon goût - est le plaisir de collectionner. Une source de plaisir multiple et intarissable ! Plaisir d'apprendre (via la lecture, le Net, la fréquentation des expositions, etc.), plaisir de "chasser" (brocantes, salons, ventes aux enchères...), plaisir de rencontrer d'autres passionnés (bien souvent source d'amitiés durables !) et enfin plaisir de posséder de belles choses et d'en jouir au quotidien, en n'oubliant jamais que l'argent est un moyen et non un but...

Un collectionneur ne connaît pas l'ennui. Il a tout le temps quelque chose d'intéressant à faire, entre ses piles de livres à lire, ses mails en retard, ses catalogues à consulter... Au point de remiser sa télé à la cave, d'écourter ses nuits et de ne plus avoir beaucoup de temps pour admirer sa collection. Un comble ! Non, la collection n'est pas une drogue, c'est simplement, après (?) le plaisir de profiter de ses proches, le plus grand de tous les plaisirs.

Bref, si vous ne collectionnez pas, vous savez ce qu'il vous reste à faire ;-), au risque de passer à côté de quelque chose de grand...

"Guidette CARBONELL. Céramiques et tapisseries"


"Née à Meudon en 1910 d’un père médecin d’origine catalane et d’une mère arménienne venue étudier la peinture à Paris, Guidette Carbonell suit les cours d’André Lhote, Othon Friesz et Roger Bissière. Dès ses débuts en 1935, elle s’oriente vers la céramique qu’elle abandonne à la fin des années 60 pour des tapisseries composées de fragments de tissus collés et cousus. Passant de l’abstrait au figuratif, incorporant à la terre ou au ciment des éléments insolites, verre ou métal, au gré de sa fantaisie, elle exprime, avec parfois une qualité d’inachevé très actuelle, un monde intérieur troublant, dans lequel on retrouve l’imaginaire de l’enfance. Nourrie de culture orientale, subjuguée par les représentations romanes ou primitives, Guidette Carbonell déploie un bestiaire fabuleux d’une étrangeté frappante, où l’humain se mêle peu à peu à l’animal. Son œuvre qui, des années 30 jusqu’aux années 90, a exploré les univers de la mythologie, de la musique, de la poésie et de la science avec un émerveillement constant devant la nature, apparaît aujourd’hui d’une expression très contemporaine".

Texte de l'éditeur

Il s'agit de la première monographie consacrée à cette grande artiste, jusqu'à présent connue des seuls spécialistes et dont les oeuvres sont fort rares sur le marché.

Un "beau livre", que l'on doit à Frédéric BODET et Karine LACQUEMANT, paru aux éditions NORMA cette année (23 x 30,5 cm, 192 pages, 200 illustrations couleur, relié, sous jaquette, ISBN : 978-2-9155-4210-3).

mercredi 8 juin 2011

Vase "Coq" de Michel et Nicole ANASSE

Michel (né en 1935) et Nicole (née en 1937) ANASSE
Vase "Coq" (circa 1965)
L. 29 cm, h. 24,5 cm, Ø 17,5 cm

Ce magnifique vase zoomorphe en grès émaillé blanc cassé et brun foncé, unique, est emblématique du travail de ce couple d'artistes.

Il est signé "ANASSE" sous la base.

Son précédent propriétaire l'a acquis auprès des deux artistes, en 1969, dans leur atelier de Vallauris.

C'est l'une de mes céramiques animalières préférées ! Une véritable sculpture...

"Michel ANASSE, potier et ferronnier, fait les grès les plus beaux de toute la Côte. Sa technique n'est d'ailleurs pas si éloignée des potiers du Haut Berry. Il cuit au bois comme eux et réussit à transformer magnifiquement la terre rouge et tendre de Vallauris en lui donnant des formes sobres et des effets d'oxydes et de feu d'une entière originalité. Ses fers n'ont rien à envier à ses poteries, en particulier ses coqs qu'il a su traiter en excellent graphiste qu'il est. Il réalise encore des épis de faîtage en fer, des "machines" étranges et des bijoux".

Gilbert DELAHAYE, in Guide des Artisans et Créateurs de France (éditions Robert LAFFONT, Paris, 1956).

Inv. PM MNA 1

mardi 7 juin 2011

Les tables "mixtes" de Roger CAPRON


Roger CAPRON est particulièrement apprécié des amateurs de tables basses en céramique. Si ses modèles des années 70 sont assez fréquents sur le marché car peu recherchés, ceux des années 50/60 le sont beaucoup moins, surtout en parfait état. Difficile, en effet, de dénicher un exemplaire sans le moindre carreau usé, félé, ou ébréché. Après tout, c'est normal, bien des verres ayant été posés dessus...

Les modèles "mixtes" - céramique et rotin - sont les plus rares, même avec des défauts, qu'il faut savoir accepter (comme sur l'exemple ci-dessous). Faute de grives, comme dit le fameux proverbe... Ceux qui présentent un piètement en bambou sont les plus recherchés. Ils ne sont jamais signés mais le style de CAPRON est une signature à lui tout seul !


Personnellement, je trouve ces tables vraiment très élégantes. Le plus souvent de petites dimensions et de format carré, elles semblent dater du tout début début des années 50. Curieusement, elles ne passionnent pas trop les amateurs, contrairement aux modèles "tout céramique" et à piètement métallique. Peut-être à cause de la fragilité supposée du rotin ? Il n'en est rien ! Profitez-en avant qu'il ne soit trop tard...

L'exemple illustrant ce billet n'est pas une table basse mais une table de salle à manger. C'est la première que je rencontre. Elle est proposée par la Galerie ARTABAN. Merci à Clément pour l'info !

dimanche 5 juin 2011

RATY à Vallauris : c'était chouette !


François RATY (1928-1982)
La Chouette (1964)
Collage
(64,5 x 49,5 cm)

Ce qui l'était moins, par contre, c'était le temps ce matin : apocalyptique (pluies diluviennes, vent, température hivernale), au point de remettre la découverte des galeries de la petite ville à plus tard. Quand je pense qu'hier matin, en prenant mon premier bain de l'année, en bas de chez moi, je me croyais en Polynésie...

Bref, ma première visite à Vallauris s'est donc limitée au seul musée MAGNELLI.

Le petit frère du musée PICASSO d'Antibes ne manque pas de charme, même si les salles de ce château provencal du XVIe siècle mériteraient un bon dépoussiérage et un petit coup de peinture. Il s'articule sur trois niveaux : un rez-de-chaussé consacré aux expositions temporaires, un premier étage dévolu à PICASSO (céramiques, photos et lithos de sa période vallaurienne) et enfin le second étage pour le peintre abstrait italien MAGNELLI, dont le musée conserve un remarquable ensemble d'oeuvres légué par son épouse Susi.

Ne connaissant pas l'oeuvre de François RATY, j'ai naturellement passé le plus de temps au rez-de-chaussée. Le travail de cet artiste à la veine surréaliste m'a beaucoup plu. Il s'est attaqué avec un égal succès au dessin, à la peinture, à la sculpture et à la céramique, laissant une oeuvre très personnelle, de grande qualité et fort attachante. 

Le catalogue de l'exposition est très instructif, d'autant plus que toutes les pièces exposées y sont reproduites et que son prix est très abordable (10 €). Il est disponible à la librairie du musée * ou auprès de la galerie Thomas FRITSCH (frais de port en sus : 4,60 € pour la France), qui a participé à l'exposition en prêtant quatre céramiques.

Si vous désirez en savoir plus sur l'oeuvre de RATY, consultez également le catalogue de la vente qui lui a été consacrée par Bretagne enchères, qui a dispersé une partie de son atelier en 2006. Dommage qu'à l'époque la céramique ne m'intéressait pas : j'aurais tenté ma chance sur plusieurs pièces, comme par exemple le très beau collage illustrant ce billet ! Il me faut donc partir en chasse à présent. Cela ne sera pas facile car l'artiste, très exigeant, a peu produit (quelques centaines de céramiques en 30 ans de carrière)...

* Elle est très riche. J'ai personnellement craqué pour cinq ouvrages traitant de céramique. Ils feront l'objet de billets une fois digérés. Cela risque de prendre un peu de temps compte tenu de la pile de livres qu'il me reste à lire. Vivement les vacances !

samedi 4 juin 2011

PUB !


Le motu (îlot) Piti-U-Tai, sur le lagon de BORA BORA
(Jacques BOULLAIRE y passa quelques semaines "en Robinson",
 chez son ami l'explorateur Bernard VILLARET)

Ce petit billet pour vous signaler que je viens de créer un nouveau blog consacré au catalogue raisonné du peintre Jacques BOULLAIRE (1893-1976), auquel je collabore.

Cet artiste, également graveur de grand talent, a admirablement saisi les nombreux charmes de la Polynésie française, mon "pays de coeur", que j'essaierai également de vous faire découvir...

Changement d'air garanti :-) !

vendredi 3 juin 2011

Expo François RATY à Vallauris


Plus que quelques jours pour admirer la très belle exposition consacrée à François RATY au musée MAGNELLI (musée de la Céramique), à Vallauris. La manifestation s'achèvera en effet le 6 juin prochain. Pas de panique pour les retardataires puisqu'un remarquable catalogue a été édité à cette occasion ! Réalisé par l'Atelier 49, il est disponible à la boutique du musée (contact.musee@vallauris.fr).

Au menu : céramiques, dessins, peintures, sculptures et orfèvrerie.

Installé à Vallauris puis à Valbonne, des années 1950 à 1970, RATY (1928-1982) offre une production d’un grand raffinement technique qui témoigne à la fois de sa formation classique à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris, après la seconde guerre mondiale, et de sa passion pour les animaux, exotiques ou familiers, qui l’ont entouré durant toute sa vie. Fervent admirateur de PICASSO, François RATY emprunte certains thèmes au répertoire iconographique du maître : chouettes, taureaux, chevaliers et idoles, tout en les traitant à sa manière, sensible et libre.

TAJAN vendra le 9 juin prochain une étonnante céramique de cet artiste, illustrant ce billet et dont voici la description (lot n° 154) :

François RATY (1928-1982) : grand masque indonésien en terre chamottée figurant un animal bouche ouverte, pièce en ronde-bosse et estampage, émaux beiges, verts et bruns. Signature manuscrite émaillée "Raty Vallauris 1950". Haut. 36,5 cm - Long. 29 cm - Larg. 16 cm.

Elle est estimée 1.500 à 2.000 €.

mercredi 1 juin 2011

Michel ANASSE chez Thomas FRITSCH


Depuis le 20 mai dernier, Michel ANASSE est à l'honneur chez Thomas FRITSCH, à la Galerie ARTRIUM.

Si, comme moi, l'oeuvre de cet artiste discret vous est peu familière, ne manquez pas le rendez-vous : Michel ANASSE est un grand sculpteur et l'un des meilleurs céramistes de l'âge d'or de Vallauris. Ses "chouettes" (photo) et "coqs", emblématiques, sont de pures merveilles...

L'exposition - qui durera jusqu'au 25 juin - est consacrée aux sculptures et céramiques des années 60 et 70, des pièces uniques !

Le catalogue, véritable mine d'informations, est incontournable ; il est disponible au prix de 40 € auprès de la galerie (frais d'envoi en sus, 4,60 € pour la France).